élection d'evo morales en bolivie

 Le 12 octobre dernier, les Boliviens et les Boliviennes ont reporté au pouvoir, pour un 3emandat consécutif, Evo Morales et ce, avec plus 60% des suffrages exprimés.Au pouvoir depuis 2005, Monsieur Morales peut se vanter d’un bilan économique, social et politique enviable. Plus d’un demi-million de personnes ont été sorties de la pauvreté depuis son avènement au pouvoir. Pour un pays de 10 millions d’habitants, considéré comme le plus pauvre d’Amérique, c’est un pas de géant, même si des inégalités subsistent.

Notamment, le président Morales a «renationalisé» des services publics essentiels pour la population, à savoir l’accès à l’eau potable et à l’électricité. Depuis leur privatisation dans les années 90, l’accès à ces services publics était hors de prix pour les populations défavorisées. Peu ou pas d’investissements avaient été faites par le secteur privé alors que les profits, eux, étaient au rendez-vous.

Une demande mondiale exceptionnelle pour des richesses dont la Bolivie regorge, soit le gaz et le pétrole, sans compter plusieurs métaux, a permis au pays de bénéficier d’une croissance économique moyenne de 5% depuis 10 ans. Les revenus ainsi générés par l’État ont servi à financer les investissements dans les infrastructures: ouverture d’hôpitaux et de dispensaires dans les zones éloignées, construction de routes, accès plus facile à l’éducation, etc.

Mais la principale action du gouvernement Morales est d’avoir mis en œuvre un solide programme de redistribution de la richesse collective, duquel les indigènes, qui forment 50% de la population, ont été les premiers à profiter. Par ailleurs, sa gestion économique lui a valu les félicitations du Fonds monétaire international (FMI)!

Au niveau politique, les deux derniers mandats de Morales auront permis au pays de retrouver un calme et une stabilité politique qu’il n’avait pas connu depuis longtemps. Rappelons que le pays a subi 160 coups d’État depuis l’indépendance de 1825. Morales mène depuis son accession au pouvoir une politique d’inclusion, ce qui fait que de nombreux peuples indigènes, longtemps écartés de la vie politique et démocratique du pays, ont maintenant voix au chapitre. L’adoption d’une nouvelle constitution en 2010 fait maintenant de la Bolivie un état plurinational.

Héros national, Morales a cependant de nombreux défis devant lui. Il doit d’abord diversifier l’économie de son pays, dont les exportations sont constituées à 50% de pétrole, de gaz et de lithium. La moindre accélération de l’exploitation de ces ressources risque tôt ou tard d’amener la Bolivie vers de sérieuses contraintes écologiques. Le pays se tire très bien d’affaire au chapitre de la croissance économique, mais il reste à voir ce qu’il en sera lorsqu’un ralentissement, voire une récession se fera sentir. Quant aux acquis sociaux, démocratiques et économiques, ils devront toujours être défendus, surtout avec la présence de mouvements politiques de droite très actifs.

Pour en savoir plus

www.cs3r.org

www.medelu.org