Le temps de l'audace mondiale

Par daniel landry

Dans le cadre du Forum social mondial (FSM) qui se tenait à Montréal en août 2016, Riccardo Petrella est venu présenter son plus récent ouvrage : Au nom de l’humanité : l’audace mondiale. Suite à quelques conférences dans le cadre du FSM, il a également profité de son passage au Québec pour s’arrêter à Trois-Rivières et offrir deux autres conférences.

L'heure est à l'audace...

« Comment peut-­on aujourd’hui parler de maison commune lorsque 87 personnes possèdent à elles seules autant de richesse que la moitié la plus pauvre des habitants de la planète ? Il faut parler d’appauvrissement et non pas de pauvreté, d’appauvris et non pas de pauvres. Le 19e siècle a été le siècle de la déclaration de l’illégalité de l’esclavage. Le 21e siècle devra être le siècle de la déclaration de l’illégalité de la pauvreté. »

Riccardo Petrella, Au nom de l’humanité: l’audace mondiale, Éditions Couleur Livres, 2015.

défendre le bien commun

L’intellectuel italien est connu comme fondateur du Comité international pour un contrat mondial de l’eau, ainsi qu’initiateur de l’Université du Bien commun. Il est reconnu comme un ardent défenseur de cette notion de Bien commun. C’est pourquoi les dénonciations de la marchandisation de l’eau, ainsi que de la marchandisation de l’éducation sont au cœur de son discours.

En s’adressant au public québécois à propos de l’audace mondiale qu’il faut déployer, Petrella propose trois actions majeures et ambitieuses : mettre hors-la-loi le monde de la finance actuel, déclarer la pauvreté illégale et abolir la guerre.

À titre d’exemple, il s’avère illogique, voire criminel, que des sociétés entières voient leur destinée se décider en fonction d’une économie déconnectée du monde réel. Petrella insiste aussi sur le fait qu’il faille aller au-delà de trois idées directrices qui influencent insidieusement notre devenir : Dieu, la Nation et l’argent. Le Bien commun ne peut se bâtir avec l’accumulation de richesses ou à partir d’une vision discriminatoire de l’autre. Quant à la guerre, l’auteur italien souligne l’absurdité des actions des États qui dépensent des sommes prodigieuses sur l’équipement militaire pendant qu’ils pourraient n’utiliser qu’une infirme partie de ces sommes pour enrayer la pauvreté et réduire les dévastations écologiques.

À propos de l’ambition de son propos, Petrella peut se faire étiqueter d’utopiste. Il s’en réjouit d’ailleurs. À ses yeux, l’utopie ne doit pas être entendue en son sens étymologique, comme une absence de lieu (u-topia). Il faut plutôt percevoir que tous les changements sociaux, économiques et politiques majeurs dans l’histoire ont été réalisés par des groupes qui cherchaient à atteindre l’impossible. Petrella appelle d’ailleurs les acteurs du monde de l’éducation à «enseigner l’utopie », à faire preuve d’audace.

Pour en apprendre davantage

Riccardo Petrella (2000), L’éducation victime de cinq pièges, Anjou, Fides.

Riccardo Petrella (2007), Pour une nouvelle narration du monde, Montréal, Écosociété.

Riccardo Petrella (2008), Le manifeste de l’eau pour le XXIe siècle, Anjou, Fides.