Au coeur de la crise nord-coréenne

par daniel landry. collaboration spéciale.


Comment se fait-il qu’un aussi petit pays que la Corée du Nord devienne une puissance nucléaire et puisse attirer tant d’attention du monde entier? Comment peut-on comprendre cette escalade verbale qui met aux prises le dirigeant d’une superpuissance comme les États-Unis (Trump) et le dirigeant d’un pays aussi isolé (Kim Jong-un)? L’erreur est peut-être de réduire cette crise à une dangereuse joute verbale entre deux dirigeants susceptibles et narcissiques. La réalité est plus complexe et un nombre considérable d’acteurs est impliqué dans l’actuelle crise.

De quoi se mêlent les États-Unis?

La guerre de Corée ne s’est jamais terminée. Amorcée en 1950, elle est entrée dans une phase tranquille après le cessez-le-feu de 1953. Or, cette confrontation idéologique entre le Nord et le Sud demeure plus présente que jamais. Évidemment, les États-Unis appuient ces pays et territoires d’Asie-Pacifique qui adhèrent au libre marché et qui reconnaissent leur toute-puissance économique et militaire. Mais plus encore, ils souhaitent contrecarrer l’expansion et l’influence de la Chine. Les États-Unis sont déjà présents militairement en Corée du Sud, au Japon, à Guam, à Singapour. Ils soutiennent le Vietnam et les Philippines dans leurs différends territoriaux avec la Chine. Ils encouragent le Japon et l’Inde à avoir une présence plus importante en mer de Chine méridionale.

Pourquoi la Chine est-elle un acteur-clé?

Les Nord-Coréens jouent le jeu de la Chine, cette dernière n’étant pas favorable à l’influence du géant américain dans la région. Mais elle n’a aucun intérêt à ce que la crise s’envenime. L’effondrement de la Corée du Nord entraînerait des déplacements de population massifs sur son territoire et, donc, une crise migratoire sans précédent dans un pays qui gère déjà plutôt mal la présence de minorités ethniques sur son territoire. De plus, une éventuelle réunification des deux Corées mènerait, par le jeu des alliances, à une présence des États-Unis aux portes de la Chine. Tout indique donc que la Chine ne souhaite pas l’aggravation de la situation et qu’elle pourrait même jouer ce rôle tant attendu dans la recherche d’une solution négociée.

Que faut-il attendre de l’ONU?

L’ONU peut favoriser le rapprochement des États. Son rôle est d’ailleurs d’assurer la paix en créant les conditions nécessaires au dialogue et à la diplomatie. Il faut par contre se méfier des conséquences de l’imposition de sanctions économiques à l’endroit de la Corée du Nord, car c’est la population nord-coréenne qui représente la principale victime de ces sanctions. En juillet dernier, un rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) mettait en garde contre les pénuries alimentaires et les risques de famine.

Comment combattre réellement le régime?

La menace nucléaire est réelle. Mais plutôt que d’adopter la dangereuse approche des menaces et des sanctions (comme face à l’Irak de Saddam Hussein dans les années 1990), la communauté internationale devrait opter pour le développement et l’ouverture. Il urge que cette population soit délivrée de ce joug totalitaire de la dynastie des Kim. Mais plutôt que de parler de destruction du pays, il faudrait plutôt favoriser une transition en encourageant le régime à s’ouvrir, se réformer. À court terme, le défi est de taille.