DÉMOCRATIES AFRICAINES : SURVOL DE L'ANNÉE 2018

Par thibault finet. collaboration spéciale

L’été 2018 a été chaud pour la vie politique africaine. Plus d’une vingtaine de pays ont des élections nationales prévues en 2018 tels que le Mali et le Zimbabwe qui ont élu leur président en août. Au Soudan du Sud, un accord de paix a par ailleurs été signé après plus de quatre années de guerre civile. Retour sur un été mouvementé et bref regard sur les mois à venir.

Au Mali, la victoire du président sortant Ibrahim Boubacar Keita (IBK) a été confirmée le 20 août par la Cour constitutionnelle du Mali. Comme souvent dans les démocraties africaines, le résultat du scrutin a été contesté par l’opposition, en l’occurrence l’ancien ministre des finances Soumaïla Cissé, qui a dénoncé «une mascarade». Pour l’heure, le président Keita devra s’atteler à la tâche d’actualiser l’accord de paix signé en 2015 avec la rébellion Touareg du nord du pays. Rappelons que c’est dans cette région du Mali que la France a déployé des troupes depuis 2013 pour y combattre les djihadistes et bien sûr aussi pour y protéger ses propres intérêts économiques et stratégiques.

Sur une trame similaire au Zimbabwe, l’ancien «crocodile» et proche de Robert Mugabe, Emmerson Mnangagwa, 75 ans, qui avait été placé à la tête d’un gouvernement de transition, après la démission forcée de l’ancien président-dictateur en novembre 2017, a été officiellement élu lors du scrutin du 30 juillet. L’opposition, menée par Nelson Chamisa, avait ouvert des procédures pour contester les résultats d’une élection jugée «frauduleuse, illégale et illégitime», mais la victoire de Mnangagwa a été validée le 24 août par la Cour constitutionnelle du pays. Ainsi, au Zimbabwe la question de la transition post Mugabe est cruciale après 30 années d’un règne autoritaire marqué par nombre d’atteintes aux libertés et aux droits humains. Malheureusement, il semble que les violences politiques et la culture de la répression policière survive au régime de Mugabe : six personnes ont été tuées dans la capitale Harare le 1er août dans une manifestation d’opposition, deux jours à peine, après la proclamation des résultats.

En Afrique orientale, un accord de paix a été signé le 31 août entre les deux factions qui revendiquent le pouvoir au Soudan du Sud au terme d’une guerre civile qui a coûté la vie à des dizaines de milliers de personnes et qui en a déplacé des millions d’autres. C’est sous la supervision internationale que le texte a été signé entre l’actuel président Salva Kiir et l’ancien vice-président Riek Machar. L’accord prévoit un cessez le feu et un engagement à retirer des troupes des zones sensibles. Au niveau politique, le traité convient de partager le nombre de sièges au parlement ainsi que la partition du pouvoir dans un gouvernement d’unité nationale.

Enfin, le mois prochain il faudra avoir les yeux tournés vers le Cameroun où Paul Biya, au pouvoir depuis 1982 (36 ans), briguera vraisemblablement un septième mandat présidentiel. Mais, dans ce pays marqué par des tensions entre francophones et anglophones, les observateurs internationaux préviennent déjà de la mainmise du parti au pouvoir (RDPC) sur les médias et l’appareil électoral. Affaire à suivre…


LÉGENDE PHOTO: Le président Paul Biya dirige le Cameroun d’une main de fer depuis 36 ans, ce qui en fait le second dirigeant africain détenant la plus grande longévité derrière Teodoro Obiang Nguema Mbasogo (Guinée équatoriale). Les élections prévues le 7 octobre devraient selon toutes probabilités lui confirmer un nouveau mandat de 7 ans. Crédit : photo libre de droit, Flickr.