Un automne nucléaire pour la démocratie américaine

Par Thibault Finet. Collaboration spéciale.

Donald Trump a annoncé le 20 octobre son intention de retirer les États-Unis d’un des principaux traités de non-prolifération des armes nucléaires signé en 1987 avec l’URSS, le FNI (Forces nucléaires intermédiaires). Cette décision résulte d’un contexte politique intérieur favorable à ce genre de discours mais aussi d’une situation géostratégique complexe à l’échelle asiatique et européenne. Décodage.

Électoralisme et affaiblissement des institutions

L’annonce du retrait américain du traité FNI survient dans le contexte des élections de mi-mandat aux États-Unis. C’est pour Donald Trump l’occasion de galvaniser sa base électorale partisane d’une politique extérieure «musclée» et interventionniste qui trouve son écho dans le slogan America first. Ainsi, il n’est pas anodin que ce soit John Bolton qui soit en charge du dossier des armes nucléaires. Il faut rappeler que Bolton est connu pour ses positions ultra-nationalistes, préconisant l’usage de sanctions agressives contres l’Iran et la Corée du Nord pour contrer la course à l’armement. Fervent partisan de l’intervention en Irak, Bolton a milité pour faire abandonner les engagements contraignant les États-Unis face dans différentes institutions de l’ONU, tels que le Cour pénale internationale.

Sur le plan intérieur, il faut rappeler que le Congrès a le droit de légiférer sur la ratification des traités internationaux mais pas sur leur sortie ou sur leur renégociation, qui demeure une prérogative du président. Il n’existe donc pas de contre-pouvoirs institutionnels aux décisions du président dans ce domaine, tel que l’a réaffirmé un juge fédéral en 2002, qui a refusé au Congrès le droit de légiférer sur la sortie de l’accord ABM (Traité sur les missiles balistiques) décrétée par George Bush.

Course à l’armement en Asie

En septembre 2018, la Russie a organisé en Sibérie le plus grand exercice militaire de son histoire en partenariat avec la Chine et la Mongolie, «Vostok 2018», qui a rassemblé 300 000 militaires et plus de 36 000 véhicules. Cette démonstration avait pour but de tester du nouveau matériel balistique et de réaffirmer la puissance de frappe sino-russe en Asie orientale. Or, c’est précisément dans cette région du monde que les tensions sont les plus vives avec les États-Unis. En effet, au début du mois d’octobre un destroyer chinois a chassé un navire de guerre américain qui patrouillait au large d’une île revendiquée par le Chine mais aussi par le Japon, allié traditionnel des États-Unis.

En réponse à ces manœuvres, l’OTAN organise jusqu’au 7 novembre prochain un gigantesque exercice militaire en Norvège qui mobilise près de 50 000 militaires. L’objectif de l’OTAN est de montrer à la Russie sa capacité de réponse dans cette région du monde en cas d’attaque. Rappelons que le Kremlin lorgne des territoires russophiles situés en Lettonie et en Biélorussie à l’instar de la Crimée qui a été officiellement annexée en 2014, ou encore de l’ingérence russe dans le conflit ukrainien, en vertu du rattachement de ces territoires à l’espace d’influence russe.

Plusieurs observateurs mentionnent que les grandes puissances ont bel et bien repris la course à l’armement en partie à cause de la politique extérieure agressive de la Chine qui redessine les contours de la géopolitique mondiale. La menace nucléaire pèse donc plus que jamais sur le destin de l’humanité.

Légende : L’armée chinoise en parade lors de l’exercice « Vostok 2018».

Crédit Northfoto 2018, Flickr.