CARNET DE VOYAGE - SÉNÉGAL

PAR MATHIEU PROVOST

À l’été 2016, Mathieu a pris l’avion pour s’envoler vers le Sénégal, dans le village de Fissel, afin de participer à un projet environnemental. Il revient sur les moments forts de son expérience. Son expérience s'est inscrit dans le cadre du programme Québec sans frontières, du ministère des Relations internationales et de la Francophonie du Québec.

« J’ai cru apprendre sur l’Afrique alors que j’apprenais sur l’humain »

Fouler le sol africain est en soi un acte fort rempli de hâte et d’appréhension qu’on sait tout de suite faux. J’ai donc laissé les partitions de Tiken Jah Fakoly dans le calepin des accords de guitare et n’ayant d’autre choix, j’y ai ouvert un cahier vierge (qui n’est pas de marque Canada) dont j’ai rempli de paysages et de rencontres


Tontons, tatas et touts petits

Bien qu’il soit de coutume occidentale que de remercier l’hôte, j’aimerais que se glisse entre ces lignes plus qu’un geste de politesse envers ceux qui ont chauffé la soupe, mais bien un hommage sincère à ceux qui m’ont d’abord accueilli puis intégré à ce pilier fondamental d’une culture et d’une appartenance qu’est la famille. Il me brûle de mentionner tous ceux qui ont participé de près ou de loin à l’élaboration du repas. Lorsqu’on connait la couleur du plumage qu’a jadis porté le repas de fête, lorsqu’on connaît le chemin à prendre pour se rendre au Louma (marché hebdomadaire) lorsqu’on connaît le fouet du soleil de la mousson et comment planter ou récolter à travers les sifflements de celui-ci, il est si facile de remercier. J’aurais dû apprendre à faire le bénédicité…

Tams-tams dans les hameaux

J’aime bien l’idée qu’aller jusqu’à Senneterre permet de connaître des recoins cachés, mais non négligeables en pesant d’or et des brides d’une culture particulière et riche. On peut donc imaginer que même un livre entier sur ces moments culturels marquants est trop peu.

L’apogée de cette expérience est sans doute le jour où, sortant d’un vent violent qui sème un effet d’une tempête de sable (et semblerait-il cause le rhume), Fallou est venu nous rejoindre (la famille Tine et moi) dans le petit hameau de Ngadiane à Mbalcam. Afin de concilier le départ de mon ami Pape Sène et le désir des enfants qui voulaient entendre résonner mon tam-tam et ma guitare, on a décidé de battre la cadence. Magnifique moment, mais tout de suite écarté lorsqu’arrivent, de kilomètres à la ronde, des enfants, des ados et quelques femmes qui, attirés par les percussions, se joignent à nous. Que de belles leçons d’humilité quand une vieille (titre valeureux) essaie de m’apprendre la danse traditionnelle Sérère pendant qu’une enfant de dix ans tout au plus

apprivoise mon tam-tam avec l’habileté d’un sprinteur qui met un pied devant l’autre.

Au coucher de soleil

Je ne peux repartir avec un pas plus accéléré que celui qui traverse Mbalcam vers Fissel. J’ai bien aimé devoir mettre de côté tout ce que je croyais savoir sur l’Afrique afin de découvrir un pays dont les habitants ont une culture complètement différente de la nôtre. J’apprécie particulièrement repartir en ayant rencontré des humains dont les valeurs (bien qu’elle ne se manifeste pas de la même manière) sont les mêmes de la steppe Fisseloise à la vallée Beauceronne. J’ai cru apprendre sur l’Afrique alors que j’apprenais sur l’humain. Maintenant je le sais.