Stages internationaux pour jeunes autochtones
L’auteure de ce billet, Sarah Régis, est une jeune Innue de la communauté de Uashat Mak Mani-Utenam, âgée de 19 ans. Elle a séjourné en Bolivie dans le cadre de l’Initiative des stages internationaux pour jeunes autochtones du Comité de Solidarité/Trois-Rivières, financé par Affaires Mondiales Canada.
Un défi nommé Bolivie
Dans un premier temps, je dois avouer que cette nouvelle aventure, qui me demandait de partir loin de ma famille durant 3 mois, m’a fait énormément peur. Je me suis donc lancée dans l’aventure SIJA sans trop savoir ce qui m’attendait, tout en étant déterminée à relever le défi.
Après des au revoir déchirants à mes proches et de longues heures de vol, mes collègues stagiaires et moi-même avons atterri à El Alto, pour ensuite nous diriger vers La Paz, la capitale administrative de la Bolivie, située à 3600 mètre d’altitude. La première semaine d’intégration à notre nouvelle communauté d’accueil a été un véritable plaisir de par nos visites et découvertes dans tous les recoins de la ville. Nous avons monté et descendu des milliers de pentes avec peu de souffle, décidément la Bolivie nous souhaitait la bienvenue en nous confrontant à ses réalités! Après quelques jours est venu le temps de prendre nos bagages, de se séparer et de rejoindre nos familles d’accueil respectives. J’ai pleuré, pas parce que j’étais triste, mais parce que pour la première fois de ma vie je me suis sentie seule au monde. J’ai toutefois compris aussitôt qu’on m’avait choisi une famille formidable, même si au premier moment tout ce qu’ils me disaient était du vrai charabia pour moi, à cause de la barrière linguistique. Tous ces mots en espagnol, je ne comprenais rien de rien! L’apprentissage d’une autre langue représentait tout un défi pour moi. Au fil du temps, j’ai appris : appris à connaitre cette famille et à apprivoiser cette langue, nous permettant d’échanger et de tisser des liens un peu plus à chaque jour. Depuis mes premiers jours en Bolivie, j’étais impatiente de trouver une routine et de bien m’intégrer au sein de ma famille d’accueil. Au fil du temps et malgré ma timidité, je suis allée de l’avant et j’ai pris mon courage à deux mains pour découvrir un peu plus les environs et la ville. Le fait de m’aventurer toute seule a été un grand défi, mais je l’ai fait.
Je dois dire que cette expérience n’a pas toujours été facile : beaucoup de choses hors de mon contrôle se sont produites et l’ennui de mes proches restés au pays se faisait énormément ressentir à certains moments. Heureusement, avec tous les projets que nous avions en marche, le temps est finalement passé à la vitesse de l’éclair. L’organisme dans lequel nous faisions notre stage, le CEPROSI (Centro de Promoción y Salud Integral) nous a donné l’opportunité de visiter plusieurs centres de femme afin d’y réaliser diverses activités. Par exemple, des cours de cuisine, du jardinage urbain, des échanges interculturels et des ateliers sur la confection de capteurs de rêves. Tous ces projets se sont concrétisés grâce à l’intérêt et l’implication des femmes, avec qui nous avons partagé des moments riches en apprentissages, en souvenirs et en émotions.
Avec un peu de recul, je sais qu’après tout ce que j’ai vécu durant ces 3 mois en Bolivie, je suis maintenant plus grande, plus forte. J’ai de nouveaux outils pour affronter mes peurs, et je suis consciente que le fait d’avoir des faiblesses est normal. J’ai désormais davantage confiance en moi et je prends davantage ma place. Cette expérience m’aura permis de cheminer non seulement professionnellement, mais aussi énormément sur le plan personnel.