Colonialisme et enjeux de la diversité sexuelle

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par anick beneke


Cet été, j’ai eu la chance d’assister à Conférence nationale et internationale sur la diversité sexuelle et la pluralité des genres qui se tenait à Montréal lors de l’événement Fierté Canada. J’ai eu la chance d’accompagner Omar Parada Soto, un de nos partenaires cubains du Comité de Solidarité/Trois-Rivières et de Sidaction Mauricie pendant les 4 journées de conférences.

À la lumière de ces conférences, un enjeu m’a paru très pertinent à discuter. Celui de l’impact du colonialisme encore aujourd’hui, dans la lutte contre l’homophobie et étonnamment celui du VIH/Sida.


Anick en compagnie d’Omar Parada Soto, un des partenaires cubains du CS3R venu au Québec le temps de l’événement Fierté Canada, qui a eu lieu cet été à Montréal.

Il est intéressant de comprendre que lorsque nous parlons d’homosexualité en Afrique, les populations locales considèrent que «l’homosexualité n’est pas africaine». Certaines personnes vont aussi jusqu’à penser que le VIH/Sida provient des Blancs. Ce serait donc les Blancs qui auraient importé l’homosexualité et le VIH/Sida en Afrique lors des colonisations. Cette légende circule étrangement autant dans les Antilles qu’au niveau des communautés autochtones actuelles au Canada. Pour ces communautés, c’est donc normal que l’homophobie et la sérophobie* soient présentes et valorisées dans la culture moderne, puisque ce serait un mal occidental.

Ce qui m’amène à me questionner un peu sur leur histoire. Lorsqu’on regarde celle-ci, au-delà du colonialisme, on constate que l’homosexualité a toujours été présente chez les Autochtones. Ils nommaient les personnes homosexuelles « bispirituels » et avaient un rôle important de guide spirituel dans leur culture. Les Autochtones considéraient normal que les êtres humains soient aussi diversifiés que la nature.

Si on scrute le continent africain, on a réussi récemment à trouver des textes qui prouvent l’existence de l’homosexualité dans plusieurs tribus avant la colonisation. En ce qui concerne le VIH/Sida, sa propagation a débuté dans deux endroits en Afrique et dans deux endroits en Amérique du Sud. Brisons tout de suite un mythe : l’homosexualité existait avant le colonialisme et non, ce ne sont pas les colons qui ont implanté le VIH/Sida en Afrique et en Amérique latine, mais bien des interactions avec des chimpanzés et des gorilles !

En poussant la réflexion, on peut considérer que la colonisation « a tellement bien réussi » que même après l’avènement du post-colonialisme, les anciennes populations colonisées en sont venus à croire que l’homophobie et la sérophobie venaient réellement de leurs propres cultures.

*La sérophobie représente les préjugés, les discriminations et les peurs que peuvent susciter les personnes séropositives.