Que se passe-t-il vraiment au Venezuela?

par claude lacaille.

La convocation à une Marche de la merde circulait récemment dans les médias sociaux : « Armons-nous : eux avec des gaz lacrymogènes et nous avec des excréments ». Le climat de confrontation entre le gouvernement de Nicolas Maduro et l’opposition est très inquiétant. Que s’y passe-t-il donc?

Depuis l’accession d’Hugo Chavez à la présidence en 1998, contre vents et marées, pendant presque deux décennies, la révolution bolivarienne a mis en place des mesures sociales favorisant les classes populaires en utilisant les revenus de la rente pétrolière. L’opposition de droite, à la tête des compagnies pétrolières et des médias, s’est juré d’en finir avec ce gouvernement populaire, et ce, avec l’appui des États-Unis. Le président Obama déclarait en 2015 que le Venezuela constituait une « menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité nationale et pour la politique extérieure des États-Unis ». Les fuites de WikiLeaks démontrent sans équivoque l’appui stratégique de Washington à ce qu’ils ont soin de désigner comme « l’opposition démocratique ». En fait, ces personnages qui possèdent la plus grande partie de la richesse du pays brandissent les fausses nouvelles, la manipulation, l’intimidation et la violence pour déstabiliser le gouvernement. Nous sommes devant une conspiration séditieuse pour détruire l’ordre démocratique et éliminer les principaux acteurs de la révolution bolivarienne, en commençant par le président Maduro lui-même.

Ce qui complique la situation, c’est la majorité remportée par l’opposition aux élections législatives. L’Assemblée nationale contrôlée par la droite, aussitôt élue, a juré de destituer Maduro avant six mois et n’a de cesse de le forcer à démissionner. Aussi, la chute des prix du pétrole a plongé le pays dans un marasme économique sans précédent, alors qu’une sécheresse exceptionnelle privait le pays d’électricité et d’eau potable durant de longs mois. Dans cette conjoncture plus que défavorable, le gouvernement a été soumis à une guérilla médiatique d’une violence inouïe, ce qui le place dans une position défensive.

Mais Maduro n’est pas l’incompétent que la presse aime dénigrer. Présentement, le grand défi est l’approvisionnement alimentaire. Avant la révolution, environ 35% de la population s’alimentait convenablement; mais, grâce aux investissements publics, la consommation d’aliments a augmenté de 80%. Devant cette importante augmentation de la demande, la production nationale étant insuffisante, les prix se sont envolés et le marché noir s’est généralisé. C’est là une source importante de mécontentement dans la population travailleuse. La création des Comités locaux d’approvisionnement et de production prévoit approvisionner environ 4 millions de familles à revenus modestes en aliments subventionnés en réorientant l’économie vers la production agricole nationale. En 2016, un taux record de 71,4% du budget en investissements sociaux a permis d’améliorer la vie des populations les plus pauvres. La Mission maison a remis 359 000 logements sociaux en une année, un record mondial. Maduro a réussi, en novembre 2016, à obtenir un accord historique entre pays producteurs pour freiner la chute des prix des hydrocarbures. Le prix du pétrole est passé de 24$ à 45$ le baril au cours de la dernière année. La lumière au bout du tunnel.

Les coups d’État « institutionnels » perpétrés par les tenants du marché global qui ont renversé les gouvernements du Honduras en 2009, du Paraguay en 2012 et du Brésil en 2016, pourraient laisser croire que l’Amérique latine rentre dans les rangs du néolibéralisme. Dans ce contexte, la guerre menée contre les gouvernements progressistes qui ont à cœur l’indépendance nationale, tant politique qu’économique, ne peut que s’accentuer : l’Équateur, la Bolivie et le Venezuela gardent le cap et promettent de résister au tsunami de la dictature financière impériale. Les peuples du Sud sont mobilisés et les pousses de la révolution de Bolivar sont prometteuses.


Pour en savoir plus : http://www.medelu.org/Guerre-sournoise-en-Equateur