Les populations civiles, les oubliées des conflits


La Journée internationale de la paix a lieu chaque année le 21 septembre. Une occasion de se rappeler la présence toujours actuelle de conflits armés aux quatre coins du monde, et surtout de commémorer les principales victimes de ces conflits : les personnes civiles.

Les guerres ne les épargnent pas plus que les soldats, bien au contraire. Les populations civiles peuvent être la cible de meurtres ou de viols, mais peuvent aussi être victimes des conflits de façon indirecte, par exemple par la destruction de leur milieu de vie, ou par la perte d’un proche. Les personnes civiles sont les grandes oubliées des conflits. Néanmoins, certains mouvements citoyens, comme la campagne internationale du coquelicot blanc, leur rendent hommage pour lutter contre cet oubli.

On estime qu’au début du XXe siècle, entre 85 et 90 % des victimes des guerres étaient des militaires. En 100 ans, l’inversion est totale, puisqu’on estime désormais que 85 à 90% des victimes des conflits actuels sont des… civils! Comment expliquer ce changement, alors que le droit international offre en théorie une protection croissante aux victimes des guerres, notamment par les Conventions de Genève de 1949 et ses protocoles additionnels de 1977 ?

Contre toute attente, ce ne sont pas les armes de destruction massive, soit les armes nucléaires, les armes bactériologiques, biologiques et chimiques, qui sont les plus meurtrières, mais bien les armes légères, dites armes conventionnelles. Ce sont ces mêmes armes, qui prolifèrent et circulent facilement, qui sont les plus oubliées par la légifération internationale.

En un siècle, la géopolitique des conflits a bel et bien changé : le motif des affrontements a évolué et porte moins sur la définition des frontières, ce qui explique que les conflits armés tendent à être de moins en moins internationaux. Néanmoins, certaines guerres, comme celle qui touche actuellement la Syrie, se voient le théâtre de conflits tant régional qu’international, notamment par le jeu des alliances militaires.

Au demeurant, l’évolution technologique ainsi que le développement des nouvelles armes, comme les drones, contribuent également à modifier les méthodes et les moyens de guerre : les armes et les façons de se battre ont changé.

Cette évolution des armes de guerre est facilitée par des politiques qui leur sont favorables. Ainsi, le Canada a prévu une augmentation de 70% de son budget militaire en 10 ans. De 19 milliards de dollars en 2017, il passera à 32,7 milliards d’ici 2026. Concernant la recherche et développement, qui permet le développement de nouvelles technologies, le ministère de la Défense canadien avait par exemple dédié en 2017 une enveloppe de 1,6 milliard de dollars et lancé un appel d’offres pour soutenir l’innovation dans le secteur.

Une somme conséquente, surtout lorsqu’on la compare aux maigres 5,6 milliards de dollars octroyés à l’aide au développement, soit 0,26% du Revenu national brut (RNB), bien en deçà de l’objectif des 0,7% fixé par l’ONU.

Pourtant, le Canada a été à l’initiative de la Commission internationale de l'intervention et de la souveraineté des États, qui a fait naître le concept de « responsabilité de protéger ». Cette responsabilité de protéger reconnaît l’obligation morale des États et de la communauté internationale de protéger les populations civiles face aux atrocités de masse, comme le sont les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité ou les génocides.

La responsabilité de protéger les civils nécessite-t-elle vraiment de sortir l’artillerie lourde?


Légende : Des mouvements citoyens, comme la campagne internationale du coquelicot blanc qui existe depuis 1933, commémorent toutes les victimes des guerres, incluant ainsi les populations civiles, qui représentent désormais 85 à 90% des victimes des conflits.