Par Jean-Claude Landry. Président du CS3R
Comme une parenthèse dans la présente campagne électorale, l’annonce du chef du Parti conservateur de réduire de 25 % l’aide du Canada au développement international a mis sous les projecteurs un volet de la politique internationale du Canada. Si la proposition en a fait sourciller plus d’un, avec raison d’ailleurs, reste que, sans cette sortie de M. Scheer, la question de l’aide canadienne au développement, tout comme la politique internationale, serait passée complètement sous le radar au cours de cette campagne.
Il faut remercier M. Scheer d’avoir mis en lumière, à sa manière, la pingrerie du Canada en matière d’aide internationale. Un peu plus de 5 milliards $ sur un budget annuel de 356 milliards $ (1,4 %).
Alors que le Canada s’était engagé, en 1970, à l’instar d’autres pays riches, à consacrer 0,7 % de son revenu national brut à l’aide internationale, nous en sommes rendus, après des diminutions à répétition, à ne consacrer qu’un maigre 0,26 % du revenu national brut. Une situation d’autant plus paradoxale que l’objectif du 0,7 % était un engagement international pris au moment où Lester B. Pearson, alors premier ministre du Canada, présidait la commission internationale qui en avait fait la suggestion.
Bien sûr, on aurait apprécié que M. Scheer fasse en sorte que les projecteurs de la campagne soient également tournés sur le budget de la défense du Canada. Les 21,9 milliards $ que coûtent annuellement au Trésor public les dépenses militaires ne semblent pas préoccuper celui qui désire que les dépenses du gouvernement fédéral soient redirigées vers la classe moyenne. Tout comme, d’ailleurs, les autres chefs des partis en lice. Un budget qu’on prévoit augmenter de 70 % si on en croit l’annonce faite en 2017 par le ministre de la Défense d’alors.
Pourtant, s’il est une façon d’assurer la paix et l’harmonie sur cette planète, ce n’est pas en augmentant toujours davantage les dépenses militaires, mais bien en luttant concrètement et efficacement contre la misère et la pauvreté, principales sources d’instabilité et de conflits.
Trop souvent, les populations du Sud se voient dans l’obligation de fuir la misère, la violence, la guerre, la persécution, les catastrophes et de chercher refuge dans les pays du Nord. Les personnes réfugiées se comptent par centaines de millions dans le monde. Parmi ces populations à la recherche d’une terre d’accueil, un très grand nombre cogne aux portes des pays développés en raison de l’impact dévastateur du réchauffement climatique sur leur mode de vie. Ce sont ces populations qui subissent les plus lourdes conséquences des changements climatiques alors qu’elles vivent dans les pays qui génèrent moins de gaz à effet de serre. «Changements climatiques: des milliards de personnes parmi les plus pauvres en danger» titrait d’ailleurs La Presse + le 11 octobre dernier.
Il faut reconnaître notre responsabilité dans la crise planétaire du climat et, loin de diminuer l’aide canadienne, c’est à l’accroître qu’il faut s’engager. Et une voie pour le faire serait de rediriger une partie de notre budget militaire vers une meilleure réponse aux besoins sociaux et humains des milliards d’habitants de cette planète.