Par Anick Beneke (présidente)
Au nom des membres du Conseil d'administration du
Comité de Solidarité/Trois-Rivières
Le 20 septembre prochain, les citoyennes et citoyens canadiens éliront un nouveau gouvernement. Depuis le début de la campagne électorale, les promesses fusent de toutes parts. Cependant, à une semaine du scrutin, bien peu a été dit sur les enjeux internationaux auxquels fait face le Canada.
Pourtant, les enjeux internationaux nous concernent tous. C’est d’ailleurs ce qu’a démontré la crise sanitaire et sa gestion internationale chaotique, pour ne pas dire pingre, des vaccins contre la COVID dont sont privés la plupart des pays en développement...
La question des finances publiques et du retour à l’équilibre budgétaire est souvent énoncée, mais, étonnamment, rien n’est dit à propos des milliards de dollars qui, cachés dans les paradis fiscaux, échappent au trésor public. Pourtant ces sommes pharaoniques permettraient au gouvernement fédéral non seulement de contribuer à la bonne santé de nos finances publiques mais d’assumer ses responsabilités en matière d’aide au développement pour les pays moins nantis.
Difficile d’être crédible sur la scène internationale lorsque les actes sont contraires aux engagements, que ce soit en matière d’environnement, des droits humains ou de solidarité internationale. Les engagements pris en 2015 en marge de l’Accord de Paris à propos des changements climatiques sont mis à mal par les choix économiques du gouvernement Trudeau, notamment son soutien à l’industrie pétrolière et la signature d’accords de libre-échange dont les effets contribuent grandement à l’augmentation des gaz à effet de serre.
Même contradiction concernant le discours sur l’importance des droits humains. De bien belles paroles annihilées par une législation accommodante à l’endroit des sociétés minières canadiennes dont plusieurs ont fait l’objet de dénonciations véhémentes pour atteintes aux droits des personnes et des collectivités dans les pays d’accueil. Que dire des violations manifestes des droits humains perpétrées par l'Arabie saoudite avec lequel le Canada maintient des relations d’affaires dont la vente controversée de véhicules blindés ?
Comment, enfin, ne pas mentionner le silence complice d’Ottawa quant au sort dramatique subi par la population palestinienne qui, depuis maintenant plus de 50 ans, vit sous le joug de l’occupation militaire israélienne et voit ses droits spoliés? Un silence d’autant plus coupable qu’on n’hésite pas, dans les rangs gouvernementaux, à condamner et qualifier de geste antisémite l’action citoyenne de ceux et celles qui osent dénoncer l’occupation militaire et proposent des actions pacifiques, tel le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions), visant à faire pression sur l’État d’Israël pour la fin de l’occupation.
Quant aux budgets consacrés à l’aide internationale, c’est toujours le même régime minceur. Ottawa consacrait à peine 0,31 % du Revenu National Brut canadien à l’aide aux pays en développement en 2020, soit bien en deçà des engagements pris historiquement par le Canada et encore plus loin, moitié moins, des recommandations de l’ONU qui propose aux pays développés de consacrer à l’aide publique au développement 0,7 % de leur Revenu National Brut. Pourtant, le budget consacré aux dépenses militaires continuent de croître, atteignant les 22 milliards de dollars pour l’année fiscale 2019-20. Dépenses englouties dans des aventures militaires désastreuses comme celle de la guerre en Afghanistan. Avec les résultats qu’on connaît.
« Le Canada est de retour » sur la scène internationale, lançait Trudeau au retour au pouvoir du Parti libéral à l’automne 2015. Or, le bilan est plutôt décevant. En témoigne le fait que le Canada se soit vu refuser, comme ce fut précédemment le cas sous le gouvernement Harper, l’accès au Conseil de sécurité de l’ONU.
À n’en pas douter, pour être véritable, « le retour du Canada » sur la scène internationale, exigerait non seulement des engagements, mais des gestes concrets en matière de réduction des GES, de lutte aux paradis fiscaux, d’aide publique au développement, de promotion authentique des droits humains et de promotion de la paix.